L’hydrogène vert, ingrédient imparable d’une industrie décarbonée

  Début mai, l’ADEME dévoilait les 7 premiers lauréats de son appel à projets “Ecosystèmes territoriaux hydrogène”, qui vise à créer des synergies pour développer la filière émergente sur les territoires. PME innovantes, énergéticiens, industriels et collectivités : les premières alliances entre ces différents acteurs qui voient ainsi le jour sont essentielles à l’essor du marché. Elles témoignent d’une vraie mobilisation pour une révolution verte dans plusieurs secteurs grâce aux solutions à base d’hydrogène. Sur quelle technologie se base l’hydrogène vert et quelles sont les perspectives de développement pour les entreprises ? Nos experts font le point.

1. L’hydrogène, un moyen indispensable pour décarboner l’industrie

Selon le projet de recherche Hydrogen4EU, mené par l’IFP Énergies nouvelles, la fondation de recherche scandinave Sintef et le cabinet de conseil Deloitte, l’hydrogène sera nécessaire pour atteindre la neutralité carbone en UE d’ici 2050. La demande européenne en hydrogène,  estime l’étude, devrait dépasser les 100 Mt d’ici 2050. Elle couvrira principalement des besoins pour l’électrification des transports et de l’industrie ainsi que la fourniture de chaleur et de vapeur.

En France, le potentiel de l’hydrogène pour accélérer la transition énergétique a très vite été mesuré. En effet, l’hydrogène est un des grands leviers de la stratégie pour atteindre la neutralité carbone – avec un plan de financement chiffré à 7 milliards d’euros et déjà une trentaine de projets soutenus à ce jour. Ces investissements visent en premier lieu la décarbonation de l’industrie lourde en faisant émerger une filière française de l’électrolyse, une méthode de conversion de l’énergie qui permet de produire de l’hydrogène « vert ».


2. L’hydrogène vert, mode d’emploi 

Aujourd’hui, l’hydrogène dit “gris” domine le marché.  Il est notamment employé dans le raffinage et dans l’industrie chimique, pour produire de l’ammoniac et des engrais. Bien que son utilisation n’émette pas de gaz à effet de serre, sa production est issue d’énergies fossiles, majoritairement le gaz naturel, et dégage des quantités importantes de CO2.

L’”hydrogène vert” est produit à partir d’énergies renouvelables (EnR) grâce à un processus qui émet beaucoup moins de gaz à effet de serre. En transformant de l’électricité produite par des sources renouvelables (éoliennes, panneaux solaires…) avec de l’eau, par électrolyse, on obtient en effet un hydrogène 100% propre. Et les gains sont considérables. Pour le projet d’usine de fabrication d’hydrogène vert d’Air Liquide et H2V Normandy, ce sont environ 250 000 tonnes de CO2 qui seront chaque année évitées. En plus de cela, l’hydrogène peut être stocké en grandes quantités et être reconverti en électricité. Ceci offre une solution de stockage d’électricité issue d’EnR attractive en termes de coût, mais dont la question du rendement est encore sujette à controverse


3. Un prix bientôt compétitif ?

La production d’”hydrogène vert” avec un électrolyseur coûte aujourd’hui jusqu’à 5 euros le kilo, là où l’hydrogène “gris” (produit à partir de gaz naturel) coûte seulement 1,50 euros. Pour diviser les coûts, 2 solutions se dégagent :

Un déploiement massif des électrolyseurs pour faire baisser leur coût, ce à quoi des appels à projets comme « Écosystèmes territoriaux hydrogène” doivent contribuer significativement
Faire baisser le prix des EnR en accélérant un processus qui est déjà en route (puisque le prix des EnR est en baisse constante) et en développant des procédés comme l’éolien en mer

La politique autour du développement de la filière hydrogène en France laisse présager que ce frein du prix sera très vite levé, renforçant l’idée que l’hydrogène est le meilleur carburant pour l’industrie de demain.

Partagez cet article

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin