Table ronde : “France Relance : comment réussir la décarbonation de l’industrie ?”

17% des émissions de gaz à effet de serre (GES) proviennent de l’industrie en France. Depuis 1990, elles ont diminué du fait de la délocalisation industrielle, de l’optimisation du mix énergétique et des gains significatifs induits par l’efficacité énergétique. Aujourd’hui, le challenge reste de trouver de nouvelles solutions pour continuer à décarboner l’industrie. Comment les acteurs industriels et leurs partenaires peuvent-ils répondre à cet enjeu et façonner l’industrie de 2030 ?

Le 1er juin 2021 avait lieu une table ronde organisée par Finance ClimAct et animée par Guilain Cals, coordinateur du projet Finance ClimAct à l’ADEME, pour aborder cette problématique. Les invités présents étaient Cyrielle Borde, cheffe adjointe du service Industrie de l’ADEME, Sébastien Delpont, directeur associé GreenFlex en charge du programme INVEEST, et Lucile Charbonnier, directrice RSE et Développement Durable du site de Saint-Gobain d’ISOVER France. Regards croisés sur une thématique clé.


Investir dans l’avenir pour réduire l’empreinte carbone industrielle

Plusieurs éléments concordent par ailleurs en faveur de la décarbonation de l’industrie. Les actionnaires ne veulent plus investir dans les entreprises qui ne sont pas durables – ce qui se reflète également dans les attentes des consommateurs. Montrer qu’un processus de production est bas-carbone devient ainsi de plus en plus important. Autant au niveau français qu’européen avec la nouvelle taxonomie green, qui constituera bientôt une réelle pression réglementaire. Dans un contexte où les moyens pour dérisquer les projets se multiplient, le vrai enjeu désormais est de savoir à quelle allure peut-on procéder à ces transformations ?

Or, selon l’Agence Internationale de l’Energie, 50% de la réduction des émissions de GES vont provenir de technologies qui n’existent pas encore. Pour avancer plus vite à cet égard, explique Lucile Charbonnier, l’entreprise ISOVER qui vise la neutralité carbone en 2050, mise sur la R&D, les projets 4.0, les partenariats avec des startups et les plans d’investissement d’avenir (PIA). L’entreprise mène par exemple des réflexions sur comment construire les bâtiments de demain, pour aller au-delà de la composition des matériaux.

Des aides pour gagner en performance énergétique avec France Relance

Une des priorités de France Relance est la décarbonation des industries énergivores. Le Fonds Décarbonation a été créé à ce titre. Ce plan sans précédent dispose d’1,2 milliards d’euros. Il compte à ce jour 71 projets dont 32 qui concernent l’efficacité énergétique (et qui représentent une réduction d’environ 12% des émissions de chaque site en moyenne) et 39 sur la production de chaleur biomasse.

Au total, 846 millions d’euros ont été investis jusqu’ici, pour plus d’1 million de tonnes de réduction (soit 1,3% des émissions du secteur industriel).

Au vu des résultats positifs du dispositif, le périmètre d’action a été élargi pour couvrir d’autres matériels. Une 3ème vague d’appels à projets est prévue en octobre.

Chez ISOVER, France Relance a permis le développement de 4 projets majeurs de décarbonation, à hauteur de 20 à 30% des investissements totaux, pour des projets variés (recyclage, changement d’équipement…) qui ciblent une réduction de 15 à 20% des émissions de l’entreprise. Face à ce résultat positif, l’entreprise a ainsi poursuivi son effort en proposant de nouveaux projets en mars. 

Des plans sectoriels pour muscler la démarche

En parallèle de France Relance, des plans de transition sectoriels vont être lancés cet été. L’ADEME veut développer à travers ces plans à 360° une vision à long terme. Le rapport final du plan de transition sectoriel sera publié en juillet 2021. 

Plusieurs critères permettent d’évaluer un projet – et le travail fait dans le cadre du développement de ces plans permet de prendre du recul sur la situation pour bien appréhender ces critères. 

Les plans sont par ailleurs très utiles pour les institutions publiques et financières afin de créer des incentives sur la durée. 

L’exercice de la vision à 360° est aussi intéressant pour les industriels afin d’estimer l’écart existant entre la situation actuelle et le but final, et comment le combler. Cela permet aussi de montrer à l’Etat Français que les industriels sont prêts à collaborer pour faire avancer les choses.

Pour conclure…

Il existe aujourd’hui une variété d’outils pour accélérer les projets de décarbonation. Il reste à pousser les acteurs concernés à les utiliser à bon escient. Cela passera notamment par la construction d’une communauté d’acteurs industriels, bancaires et partenaires qui financent l’industrie bas-carbone, pour aligner les attentes de toutes les parties prenantes et diffuser les bonnes pratiques en matière de financement. En effet il ne faut pas sous-estimer le potentiel et la capacité de transformation du secteur financier : la décarbonation doit être au cœur de la relation entre acteurs industriels et financiers. 

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